À l’occasion du 120ème anniversaire de la loi de 1905, le sénateur Franck Montaugé a déposé une proposition de loi constitutionnelle(*) visant à instituer une Charte de la laïcité.Fidèle à un engagement de longue date en faveur de la laïcité républicaine, il souhaite par cette initiative réaffirmer l’esprit de liberté, d’équilibre et d’émancipation qui fonde la République française et ancrer plus solidement ce principe dans la Constitution au moyen d’une charte de 8 articles.
Le 9 décembre 2025, cela fera donc 120 ans que la France s’est dotée d’une loi relative à la séparation des Églises et de l’État. En posant les principes de notre modèle de laïcité, la loi du 9 décembre 1905 demeure un des fondements de notre pacte républicain.
Aujourd’hui, dans un contexte de montée des discours et des actes discriminatoires et parfois criminels stigmatisant la différence au nom de la religion, de la race, de la culture ou de la pensée libre, la laïcité apparaît plus que jamais comme un principe à faire connaître, à mettre en pratique et à partager.
Dans ce contexte de tension, on constate aussi que la laïcité fait l’objet de réinterprétations diverses qui en menacent l’équilibre.
Comme le soulignent les travaux récents de chercheurs, magistrats et historiens, deux dérives majeures fragilisent son application : d’une part, une hypertrophie de la neutralité, qui tend à considérer toute manifestation religieuse comme un péril, au détriment des libertés individuelles ; d’autre part, une instrumentalisation idéologique, qui transforme la laïcité en outil de stigmatisation des pratiques religieuses.
Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer l’esprit originel de la loi de 1905, celui d’une laïcité libérale, émancipatrice et équilibrée, fondée sur trois piliers : la liberté de conscience, la séparation des pouvoirs spirituel et temporel, et la neutralité de l’État. Ce modèle n’exclut ni les croyances ni l’absence de croyance, il garantit leur coexistence pacifique dans l’espace républicain. Son respect conditionne de façon décisive la concorde sociale et la paix civile.
La commémoration de la loi de 1905 nous offre l’opportunité de rappeler l’universalité et la modernité de ce principe fondamental de la République française, dans un contexte où la cohésion sociale et le respect de la personne sont questionnés.
Mieux définir les principes de la laïcité dans le champ constitutionnel des lois de la République y contribuera utilement.
Cette proposition de loi constitutionnelle visant à instituer une Charte de la laïcité va maintenant être engagée dans le processus législatif. Le groupe socialiste, écologiste et républicain choisira en temps utile de l’inscrire à l’ordre du jour d’une de ses niches parlementaires, première étape avant son examen en première lecture en séance au Sénat.
(*) La proposition de loi constitutionnelle doit être adoptée dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale et le Sénat, sans recours à une commission mixte paritaire. Une fois votée, elle est en principe soumise à l’approbation du peuple par référendum, contrairement aux projets de loi constitutionnelle qui peuvent être examinés par le Congrès sur décision du Président de la République. Cette procédure est exigeante mais elle laisse ouverte la possibilité d’une adoption, puisque c’est le peuple qui, en dernier ressort, en décide.
