Après une vingtaine de jours et de nuits de débats, les sénateurs ont adopté par 187 voix pour et 109 voix contre, le projet de loi de finances pour 2026 nettement remanié par la majorité sénatoriale de droite et du centre. Franck Montaugé et ses collègues du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain (SER) s’y sont opposés.
Le budget pour 2026 repose en effet sur une diminution significative des recettes fiscales, estimée à environ 8 milliards d’euros, ainsi que sur des réductions de dépenses d’environ 3 milliards d’euros portant sur plusieurs politiques publiques. Dans le contexte économique et social actuel, ces choix interrogent sur la capacité du budget à répondre aux besoins des Français tout en assurant la soutenabilité des finances publiques.
Plusieurs dispositions fiscales retenues par la majorité sénatoriale concernent la fiscalité des entreprises et des patrimoines élevés, notamment :
- la suppression de la surtaxe d’impôt sur les sociétés ;
- des ajustements de la taxe sur les holdings ;
- une évolution de l’impôt sur la fortune immobilière ;
- une modification de la contribution différentielle sur les hauts revenus.
- Par ailleurs, une mesure visant à instaurer une recette liée aux rachats d’actions, initialement adoptée, a finalement été retirée lors d’une seconde délibération.
Ces choix s’inscrivent dans une orientation générale visant à limiter l’augmentation de la pression fiscale, orientation que le groupe SER ne partage pas, considérant qu’une réflexion plus large sur la diversification des recettes est indispensable pour ne pas sacrifier des dépenses qui affectent concrètement le quotidien de nos concitoyens.
Dans un contexte marqué par une progression des inégalités de revenus (entre 2003 et 2022, le rapport entre les très hauts revenus et les ménages modestes est passé de 1 à 95 à 1 à 167), la mise en œuvre d’un système fiscal tenant compte des capacités contributives réelles de chacun contribuerait en effet à renforcer la cohésion sociale tout en favorisant l’équilibre des comptes publics et la réduction de la dette.
C’est ainsi que du côté des dépenses, plusieurs secteurs structurants – éducation, emploi, transition écologique, culture, sport ou encore aide publique au développement – sont concernés par des ajustements budgétaires défavorables. Les évolutions proposées concernant l’aide médicale d’État appellent également à une attention particulière au regard des enjeux de santé publique et de solidarité.
Les collectivités territoriales sont aussi concernées par ces orientations. L’absence d’indexation de la dotation globale de fonctionnement sur l’inflation, le non-rétablissement du Fonds vert et le maintien des mécanismes d’ajustement limitent leurs marges de manœuvre, alors même que leurs compétences et leurs responsabilités s’élargissent.
Lors du débat budgétaire, le sénateur Montaugé a également exprimé ses réserves quant aux crédits alloués à l’agriculture (lire ICI). Il estime que les fortes baisses budgétaires proposées affaiblissent la capacité de l’État à répondre aux crises agricoles, sanitaires et économiques, et marquent un recul préoccupant des engagements pris en faveur de l’agroécologie. Franck Montaugé a souligné l’abandon de la planification écologique, la réduction des moyens consacrés à la lutte contre les pesticides et l’insuffisante anticipation des crises sanitaires. Il a plaidé en faveur d’un retour à une politique agricole fondée sur la « triple performance » économique, sociale et environnementale qui va dans le sens de l’intérêt conjoint des agriculteurs-producteurs et des consommateurs-citoyens.
En définitive, en s’inscrivant dans une logique de réduction des dépenses sans recherche de nouvelles recettes et en tenant compte d’économies dont la réalisation reste incertaine, le déficit pourrait s’établir autour de 5,4 % du PIB, ce qui n’est pas acceptable dans la perspective indispensable d’un redressement budgétaire durable.
Pour toutes ces raisons, réitérées par Thierry COZIC, au nom des sénateurs du groupe socialiste écologiste et républicain dans le cadre des explications de votes de ce PLF 2026 (Lire ICI) et malgré des avancées obtenues – notamment en faveur des collectivités, des outre-mer, de certaines politiques sociales, de la transition écologique ou de l’agriculture (Lire ICI), Franck Montaugé a voté contre ce projet de budget.
L’Assemblée nationale n’ayant pas non plus voté ce texte en 1ère lecture, la copie des sénateurs sera la base des discussions en commission mixte paritaire (CMP), qui doit réunir, vendredi 19 décembre 2025, sept députés et sept sénateurs chargés de trouver un accord sur ce sensible budget. Si elle n’est pas conclusive, il faudra probablement poursuivre les débats budgétaires en janvier et voter d’ici là une loi spéciale pour permettre la continuité de l’Etat. Cela dit, il est à ce stade très difficile de savoir quelle seront exactement les étapes suivantes du processus en cours !
Dans le cadre des prochaines discussions, le sénateur Montaugé continuera de formuler des propositions visant à concilier responsabilité budgétaire, justice fiscale et soutien aux services publics comme aux territoires, dans un esprit de dialogue et de recherche de compromis, au service de l’intérêt général.
