En fin de matinée, vendredi 10 mars, le Gouvernement, de connivence avec la droite sénatoriale, a réduit le débat parlementaire sur les retraites à un exercice purement formel de présentation sans discussion des amendements de l’opposition.
Un véritable 49-3* sénatorial, condensé de l’article 44-3 de la Constitution et du 42 alinea 9 du règlement du Sénat, a abouti à un débat corseté d’un texte dont le contenu est celui du Gouvernement, amendé par lui pour cela et ne retenant que les amendements qu’il souhaite.
Au terme des présentations en cours de ces amendements restants, UN SEUL VOTE sera opéré sur l’ensemble du texte, sans explication de vote ni vote possible sur chaque amendement retenu par le Gouvernement et défendu par les sénateurs.
Le Sénat est donc à son tour privé de débat sur la réforme des retraites. Depuis le début de l’examen du texte, les sénatrices et sénateurs de gauche avaient fait valoir en responsabilité leurs arguments et leurs propositions pour combattre cette réforme inique (Lire ICI et ICI).
Le mardi 7 mars, le Sénat examinait l’article 7 du projet de loi prolongeant l’âge d’accès à la retraite de 62 à 64 ans (Lire ICI). Les discussions avançaient donc. Pourtant, la majorité sénatoriale et le Gouvernement ont multiplié les procédures visant à limiter ou à supprimer, pour l’opposition, la possibilité de s’exprimer ou de défendre ses amendements.
Cette stratégie d’obstruction parlementaire s’est accentuée ce matin quand le Gouvernent a décidé de déclencher l’article 44-3** de la Constitution : le « vote bloqué ». C’est un terrible aveu de faiblesse et une atteinte aux principes de notre démocratie et à la culture sénatoriale de discussion sur le fond, dans le respect de la diversité des opinions et de leurs expressions.
La droite sénatoriale a accepté les conditions du Gouvernement participant ainsi de l’affaiblissement du Parlement. Le plus grave est que les Françaises et les Français en seront les grands perdants.
Ce choix politique est d’autant plus violent qu’il est survenu avant les discussions sur l’article 10 du projet de loi portant « soi-disant » la retraite minimale à 1 200 € pour une carrière complète. Un choix regrettable a fortiori dans un contexte de mouvements sociaux de grande ampleur.
Le Gouvernement ainsi que les majorités élyséenne et sénatoriale restent sourds à la colère des Français. Le refus du président de la République de rencontrer l’intersyndicale en témoigne également.
Avec son groupe, le sénateur Montaugé continuera, arguments à l’appui, de questionner cette réforme injuste et brutale malgré les tentatives pour empêcher les expressions sur le fond.
* le 49-3 n’est pas applicable au sénat, à la différence notable avec l’Assemblée Nationale
** le 44-3 dit « vote bloqué » prévoit que si le Gouvernement le demande l’assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement.