Lors de l’inauguration du 37ème festival de CIRCA, le sénateur Montaugé s’est livré à un plaidoyer en faveur des politiques culturelles nationales portées par les collectivités locales.
Malgré le contexte catastrophique actuel des finances publiques, il a appelé le Gouvernement actuel à ne pas sacrifier l’action culturelle territoriale sur l’autel du redressement des comptes publics. La montée du vote d’extrême droite en France justifie que la culture, dans la diversité de ses expressions, participe du débat démocratique républicain. Qu’elle en soit une actrice à part entière !
Texte du discours :
Merci madame la Présidente, madame la directrice, pour l’invitation ! Merci de me permettre ce petit temps d’expression, pour un évènement et dans un lieu qui me tiennent à cœur ! Je prendrai donc quelques minutes pour vous dire pourquoi et pour en tirer quelques conséquences. Mais d’abord revenons au sens des mots, avec la parole d’un grand poète, je cite :
« Je définis la culture ainsi : c’est tout ce que les hommes ont imaginé pour façonner le monde, pour s’accommoder du monde et pour le rendre digne de l’homme. C’est ça, la culture : c’est tout ce que l’homme a inventé pour rendre le monde vivable et la mort affrontable. »
Ces mots sont d’Aimé Césaire.
Façonner le monde, s’en accommoder, faire en sorte qu’il soit digne de l’homme, qu’il lui permette de donner un sens à sa vie, c’est aussi là – et on a tendance à l’oublier – le rôle du Politique et des Institutions.
Il y a un peu plus de 15 ans, la question s’est posée de savoir si la ville d’Auch devait ou pas contribuer à la politique culturelle nationale. S’il fallait ou pas accueillir ici, dans une petite ville, un pôle national des arts du cirque. Le débat fut vif !
Bien évidemment, la question des moyens financiers pouvant y être consacrés, en investissement et en fonctionnement donc dans la durée, s’est retrouvée au centre du débat.
Et l’ambition culturelle a été affirmée comme une orientation politique locale majeure, dans le prolongement et en accentuant ce que les équipes municipales précédentes et les acteurs culturels locaux avaient déjà initié et développé.
Dans un moment de notre histoire où des formes de radicalités a-libérales ou anti-libérales voire autoritaires trouvent la faveur de plus en plus de nos compatriotes, reposons-nous, politiques comme artistes et citoyens, la question de la place et du rôle de la Culture dans la République.
Une République qui au passage doit redevenir une machine à produire du symbole pour faire « sens commun », « société » à la fois homogène et ouverte à des évolutions libératrices, égalitaristes et progressistes.
Dans ce cadre problématique, la place de l’artiste doit être questionnée, la culture interrogée dans ses différentes formes de médiation. Je vous renvoie sur ce point majeur à un article du Monde de juin dernier dans lequel Tiago Rodriguez, directeur du festival d’Avignon et Éric Ruf, administrateur de la Comédie française font le constat que « La culture n’a plus aucun poids dans le débat politique », c’est le titre de l’article tiré de leur propos.
À Auch et dans le Gers, nous n’avons pas attendu ce cri d’alerte, au demeurant nécessaire, pour nous engager… et je veux ici remercier tous les acteurs culturels locaux qui sont sensibles à cette dimension Politique avec un grand P de la Culture ! À cet égard, je salue le travail de Ciné 32 et je me réjouis du grand succès du dernier festival « Indépendance(s) et création ».
Les politiques culturelles ne doivent pas être sacrifiées au motif de la situation catastrophique des comptes publics et je prendrai mes responsabilités en conscience lors du vote du budget 2025… si l’article 49.3 n’est pas utilisé par le Premier ministre… c’est peu probable en réalité !
Alors oui, les choix politiques culturels qui ont été démocratiquement ratifiés en 2008 dont celui du Pôle national des arts du cirque contemporain, restent plus que jamais pertinents. Ils doivent être pérennisés !
Petite incise en vous disant aussi l’intérêt personnel que je portais au restaurant d’insertion coopératif et mon attachement à sa dimension sociale. Il faisait pour moi partie intégrante du projet initial.
J’ai débuté mon propos avec Aimé Césaire, je vais le terminer avec un ancien sénateur dont il m’arrive parfois d’utiliser la place dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg – « des fois » que le génie serait contagieux – Victor Hugo. Victor Hugo nous dit :
« L’art, c’est le reflet que renvoie l’âme humaine de la splendeur du beau. »
Merci à tous ceux qui font vivre CIRCA, artistes, administrateurs, salariés, citoyens-bénévoles engagés et partenaires institutionnels de nous donner à penser – avec un e – et à panser – avec un a – l’âme humaine par la médiation du beau !
Bon festival 2024 et belle saison culturelle !
Je vous remercie. »