« Il y a 15 000 ans, l’humanité entrait dans une nouvelle ère de son évolution par la sédentarisation et l’invention de l’agriculture. Depuis cette époque lointaine, l’agriculture, dans toute sa diversité, n’a cessé de s’adapter pour répondre aux besoins des sociétés. Dans un contexte général de libéralisation progressive des marchés, les agriculteurs ont su relever les challenges que la Nation leur a fixés dont celui de l’autosuffisance alimentaire à prix dégressifs pour les consommateurs. Aujourd’hui, le constat est largement partagé que le revenu qui leur revient ne reflète pas leurs coûts de production et qu’une meilleure reconnaissance de la société à leur égard est nécessaire.
Au-delà des débats entre tenants de tel ou tel type d’agriculture, l’entrée de l’Humanité dans une période de son histoire où pour la première fois ses comportements modifient de manière sensible les grands équilibres de son écosystème (climat, biodiversité …) amène à penser de manière nouvelle la contribution des acteurs dans ce nouveau contexte. À cet égard, la société doit reconnaître la contribution positive de l’agriculture aux enjeux qui caractérisent ce nouvel âge de l’humanité.
En effet, les agriculteurs savent aujourd’hui nourrir les hommes mais ils apportent également de nombreuses externalités positives qui bénéficient à l’ensemble de la société. Ces efforts-là doivent être rémunérés car ils servent les intérêts de tous et ne se monnayent pas directement dans une économie de marché. Un dispositif est nécessaire !
À partir de travaux scientifiquement reconnus comme ceux de l’INRA, nous souhaitons la création d’une prestation pour services environnementaux (PSE). A l’instar des dispositifs de verdissement de la PAC existants mais sur une base conceptuelle nouvelle, la PSE permettrait par exemple de rémunérer l’agriculteur qui, par le choix d’une technique culturale appropriée, diminue les rejets de carbone dans l’atmosphère comparativement à une technique plus classique. Pour illustrer le propos dans la culture du maïs, la mise en œuvre de techniques innovantes agro-écologiques permet de réduire de près d’1 tonne par hectare l’émission de carbone. Cette contribution à un moindre réchauffement climatique peut être valorisée de 65 à 75 € / hectare ou de 10 à 13 € / tonne suivant l’hypothèse de rendement retenue.
Cet exemple de démarche peut être étendu à d’autres services environnementaux de l’agriculture et les agriculteurs doivent être rémunérés pour cela, dans le cadre de la future PAC ou/et des contrats entre producteurs et transformateurs dès lors que les parties y trouvent intérêt. »
Franck Montaugé